Désireuse de mieux appréhender le rapport qu’entretient la population française avec le bien-être mental, la Fondation AÉSIO a chargé l’IFOP de réaliser une étude ad hoc. Les réponses obtenues, parfois paradoxales, reflètent des enjeux majeurs en matière de pédagogie, de sensibilisation et d’actions concrètes à mener ; notamment face à un bien-être mental apparemment encore tabou à ce jour, bien que sa dégradation concerne une part significative des interrogés.
Des Français convaincus par l’importance de veiller à leur bien-être mental… mais qui n’y sont pas toujours attentifs
Dans un contexte où les Français considèrent quasiment tous que le bien-être mental est tout aussi important que le bien-être physique (94%) et qu’il est essentiel pour être en bonne santé (94%), environ 4 sur 10 d’entre eux estiment que leur état de santé mental est très bon (43% l’estiment très bon ou excellent) – et par ailleurs meilleur que leur état de santé physique (que 33% estiment très bon ou excellent).
Dans le même temps, ils sont tout aussi nombreux à s’accorder autour de l’idée que la souffrance psychique peut concerner tout le monde (94%). D’ailleurs, 88% des répondants ont déjà connu un moment au cours de leur vie où leur bien-être mental s’est dégradé, ce phénomène demeurant tout de même rare pour 56% d’entre eux. La perte d’un proche est identifiée comme la première raison de cette dégradation (40%), devant les situations professionnelle (35% ; 44% des actifs) et financière (32% ; 40% des catégories pauvres). Il convient de souligner que l’état des relations amicales et sentimentales est tout autant cité (34%), et plus généralement la qualité des relations tissées avec l’entourage (56% des interviewés évoquent cette idée).
En dépit de l’importance accordée au bien-être mental et du sentiment que tout le monde peut, un jour, connaître un épisode de souffrance psychique, seul 1 Français sur 2 affirme être attentif à son bien-être mental (50%). Cette propension à veiller à son bien-être mental est essentiellement encouragée par la considération que celui-ci est essentiel pour être en bonne santé (73%). Les raisons invoquées pour justifier le manque de vigilance sont a contrario bien plus hétérogènes, même si derrière elles transparaît souvent en filigrane l’idée que ce sujet serait secondaire : les interviewés mentionnent ainsi qu’ils ont toujours quelque chose de plus important à faire (32%), qu’ils manquent de temps (31%) ou encore qu’ils n’ont pas le réflexe (24%). A titre subsidiaire, notons que 22% des répondants déclarent faire plus attention à leur bien-être physique que mental, la majorité des personnes interrogées ayant l’impression d’accorder la même importance aux deux (56%).
Plus d’un quart des Français estiment que leur bien être mental s’est dégradé avec la crise
Près de 6 Français sur 10 déclarent avoir eu le sentiment d’avoir été en souffrance psychique au cours des 12 derniers mois, dont 14% « de façon régulière ». Ce résultat est néanmoins à interpréter à la lumière de la crise sanitaire que nous venons de traverser, ce que les interviewés reconnaissent volontiers, 28% estiment ainsi que leur bien-être mental s’est dégradé depuis le début de celle-ci.
Les femmes de 25 à 49 ans ainsi que les personnes vivant avec des enfants font plus état que les autres de situations de souffrance psychique au cours des 12 derniers mois (respectivement 67-69% et 67%) et témoignent plus généralement davantage que les autres d’épisodes réguliers de souffrance psychique. Ainsi, 53% des femmes âgées de moins de 35 ans affirment avoir connu toujours ou souvent des situations où leur bien-être mental était dégradé (vs 38% des hommes du même âge).
Conséquence de l’impact de la crise sanitaire sur le bien-être mental des Français ? Aujourd’hui, plus d’un tiers d’entre eux affirment être inquiet pour leur bien-être mental (36%) – et notamment les populations témoignant le plus de souffrances psychiques, à savoir les femmes de moins de 35 ans et les personnes avec des enfants. Cela dit, les interviewés se disent en réalité encore plus inquiets pour le bien-être mental des autres (un phénomène régulièrement observé dans les études d’opinion) : 62% pour celui des Français et 48% pour celui de leurs proches.
L’état de santé et les relations personnelles sont clairement identifiées comme les critères influant le plus sur son bien-être mental
Déjà pointées comme un facteur capital dans la détérioration du bien-être mental, les relations personnelles (familiales ou non) et le fait d’être entouré sont logiquement perçus comme un critère essentiel au bien-être mental personnel (53%), avant même l’état de santé physique (40%). Il ne faudrait pas négliger pour autant l’impact que peuvent avoir la situation financière et professionnelle, identifiées comme deux des trois éléments les plus influents sur le bien-être mental des Français (respectivement 46% et 29% vs 27% et 16% pour son bien être mental personnel), avec la santé.
En parallèle, 60% des Français (70% chez les cadres) ont également la sensation qu’une actualité morose est susceptible de dégrader leur bien-être mental, opinion au demeurant relativement peu fondée (12% seulement en ont « tout à fait » l’impression). Plus spécifiquement et sans grande surprise, c’est en premier lieu l’impact de la crise sanitaire sur la stabilité économique du pays (28%) qui ébranle le plus le bien-être mental des répondants, devançant la menace terroriste (22%) et les inquiétudes ayant trait à l’environnement et au changement climatique (21%). A 200 jours environ de l’élection présidentielle, il semble également intéressant de noter que les débats relatifs à cet évènement semblent avoir peu d’effets sur le moral de nos concitoyens (6% estiment que c’est le thème qui dégrade le plus leur bien-être mental).
Assez logiquement, les actions étant perçues comme les plus primordiales pour le bien-être mental au quotidien sont directement liées aux critères identifiés comme alimentant le plus le bien-être mental : passer du temps avec ses proches (64%) et prendre soin de soi (60%).